dimanche 13 mars 2011

Libye ,Les positions honteuses de l’Algérie



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La position algérienne au sein de la Ligue arabe concernant l'instauration d'une zone d’exclusion aérienne au‑dessus de la Libye pour protéger les civils contre les bombardements des milices pro‑Kadhafi a choqué l’opinion nationale. Au moment où tout le monde s’attendait à ce qu'Alger s’aligne sur les points de vue des autres pays arabes pour sauver la population libyenne d’un massacre en règle, l’Algérie s’est alliée avec la Syrie, pays où il n’existe aucune démocratie, pour refuser la décision de la Ligue arabe. Cette position est venue renforcer les doutes sur le soutien, direct ou indirect, d’Alger au régime finissant du colonel El Kadhafi.
 
Des semaines après le début du soulèvement populaire contre la dictature de Tripoli, la position officielle algérienne est restée ambiguë, ni pour ni contre. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, qui a multiplié les déclarations dans les médias français ces derniers temps, a évoqué « la menace terroriste » qui pèse sur la Libye. Autrement dit, Alger reprend presque mot pour mot les propos de Kadhafi sur la prétendue présence d’Al Qaïda en Libye. Des propos visant à justifier le massacre en masse des populations qui se poursuit toujours. « Bien sûr nous sommes très inquiets à propos de la Libye », a dit Medelci dans une interview au quotidien français Le Monde.
 
 
L’Algérie a dit la même chose à propos de la Tunisie et de l’Égypte. Les dictatures de Ben Ali et de Moubarak se sont effondrées. La diplomatie algérienne est restée muette. L’Algérie n’a apporté aucun soutien clair aux révoltes des populations tunisienne et égyptienne. Les autorités algériennes ont tout fait pour empêcher des manifestations populaires de soutien à ces révoltes dans le pays. Lourde et bureaucratique, la diplomatie algérienne a été incapable de suivre l’accélération des événements en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, etc. « Cette rapidité nous a encouragés à être prudents », a déclaré le ministre des Affaires étrangères pour justifier les retards. Alger n’a rien dit qui puisse être retenu sur le référendum au Soudan et n’a engagé aucune initiative pour récupérer le terrain perdu en Afrique et dans le monde arabe.
 
Depuis des années, la diplomatie algérienne subit des coups sans réagir. Un exemple : la Libye a imposé le visa aux Algériens sans que l'Algérie ne réagisse. L'Algérie n'a rien dit non plus sur la situation des Algériens délestés de leurs biens en Libye. La diplomatie en est encore aux petits fours et aux communiqués vides. Cette médiocrité a fait qu’aujourd’hui Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, une institution gérée par l’Algérie, apporte curieusement un appui au président français et à son parti, l'UMP, dans un débat controversé sur l'islam en France. Un débat dénoncé par la majorité des musulmans de ce pays. Au‑delà du comportement scandaleux de Dalil Boubakeur, qui s’est tiré une balle dans le pied, il y a là un signe évident que l’image de l’Algérie est sérieusement détériorée. Jusqu’à quand cette situation va‑t‑elle durer ?

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