mardi 8 mars 2011

les baltagui par hakim laalam

Eh oui ! Forcément ! Il est plus facile d’agresser une femme qui manifeste place du 1er Mai, un samedi, de la traiter de prostituée et de lui voler son mobile à l’arraché que de s’en prendre, un lundi, toujours au centre d’Alger, à 8 000 gardes communaux qui défilent sous ton nez. Comme je te comprends mon petit baltagui chéri ! Et ceux qui t’ont trop vite catalogué dans la catégorie «débile malléable et corvéable à souhait» se sont plantés. Non ! Sous ta grosse couche de stupidité vénale se cache un zeste de bon sens. Je l’ai tout de suite vu ce lundi lorsque la queue basse, le menton dans tes baskets achetées avec l’argent de «poche» collecté plusieurs samedis de suite tu as vu défiler sous ton nez de morveux des «mecs», des «S’hah», des «qui ont les bras comme des battoirs » et que tu n’as pas bronché. J’ai beau eu tendre l’oreille, les deux oreilles même pour essayer d’entendre tes répliques préférées, du style «rentrez chez vous bande de Kabyles !» ou encore «hizb frança !» ou encore «dégagez ya lihoud !», rien ! Pas un son de ta bouche, sinon celui d’un déglutissement gargouillant. Même pas des jérémiades sur la horma de ton quartier qui aurait été violée par des envahisseurs venus des montagnes. Rien ! Absolument rien ! C’est là que j’ai compris que les psychotropes ne t’avaient pas complètement «Rantanplanisé» le ciboulot. Tu as gardé sous la casquette Nike quelques onces de réalpolitique. Parce que là, si tu t’étais amusé à aller asticoter les gardes communaux enragés, je pense qu’il t’aurait fallu plus que ton mur pour soulager tes lombaires et ta mâchoire. Et encore, là, mon grand, t’as pas encore vu le bout. Des bruits qui parviennent à mes oreilles réjouies me murmurent que dans les heures qui viennent, d’autres «S’hah», d’autres armoires à glace vont défiler dans la capitale pour y faire voler en l’air comme il se doit quelques cordons de sécurité, quelques barrages de flics. Tu vois, mon petit baltagui, on a marché dans Alger. Dans ton quartier. C’était pas un samedi, ça, je te l’accorde. Mais qu’importe le jour de la semaine, si c’est pour apprécier comme ce lundi ta mine déconfite et penaude. Rien que pour ça… je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L

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